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C'est parti lecture !

Vous lisez Un long voyage.txt, bonne lecture ^^

Un long voyage.


"Regardes, c'est ça le Japon." C'est ce que m'a dit ma mère devant un reportage concernant cette île. Elle brisa le silence de sa voix sévère comme si elle voulait signifier par là que c'était la seule image que je pourrais en avoir, c'est pour cela que cette phrase m'a marqué. Cela fait bien longtemps maintenant qu'elle a prononcé ces paroles, et je me prépare à partir pour un long voyage sur cette magnifique île pour enfin pouvoir réaliser mon rêve.
Je reviendrais assez régulièrement bien entendu, je ne vais pas abandonner celle qui m'a élevé aussi facilement. En tant que professeur de français là-bas, mon emploi du temps me permettra de revenir pendant les vacances et certains week-end.
Le grand départ est dans deux jours. Elle me prépare un cappuccino comme elle sait si bien les faire. Depuis mon adolescence elle m'en prépare chaque dimanche après-midi et cela même bien après que j'ai déménagé. A vrai dire, ce n'est pas tellement ces cappuccino mais plutôt le fait de les partager avec elle qui me procure ce sentiment de bonheur.
Les deux jours précédents le départ, je passe une journée avec mes amis et compte rendre une visite surprise à ma fiancée le jour du départ. Seulement, ce jour-là, il se trouve que la plus grande surprise m'est attribuée. Quand j'entre avec la clé qu'elle m'a donnée, je la trouve nue sur le canapé du salon avec mon cousin. Elle me regarde sans rien dire, lui me tournant le dos met quelques instants avant de s'apercevoir que quelque chose ne va pas. Quand il se rend compte de ma présence tout ce qu'il trouve à dire c'est "En...Enzo... tu n'es pas encore parti?". A ces mots naïfs et pleins de culpabilités je m'en vais, rentre chez moi, récupères mes affaires et pars pour l'aéroport.
Une fois sorti du taxi, je traverse la route plein de rancoeur l'espoir d'une nouvelle vie pouvant m'attendre à l'autre bout de la carte. Tout cet espoir s'envole comme ma valise lorsque le camion qui me percute déboule sans prévenir.
Je m'éveil avec un horrible mal de crâne, je n'ouvre pas les yeux de peur de ce que je vais trouver derrière ce voile noir. A défaut de voir, j'entends. Le docteur parle à ma mère. "Votre fils ne remarchera plus." Elle éclate en sanglot, pour ma part je me contiens et je fais le mort. Sa peine lui suffit, pourquoi lui rajouter la mienne?
C'est quand ils quittent la pièce que je commence à réaliser. Jusque là j'espérais que tout ne soit qu'un mauvais rêve, mais quand j'essais de bouger mes jambes, elles ne sont plus là. "Où...où elles sont passées?" Je soulève lentement la couverture sans même encore avoir ouvert les yeux, je crains de ne rien trouver en dessous. Quand je trouve le courage d'ouvrir mes yeux et d'affronter la réalité, le spectacle qui m'y attend est plus horrible que je n'aurais pu le penser.
Mes deux jambes sont toujours présentes, là où je les y avaient laissés. Seulement, contrairement à la dernière fois, elles ne me sont plus d'aucune utilité. J'ai beau essayer de les mouvoir, rien n'y fait. Face à la dure réalité je ne peux me contenir plus longtemps, tout ceci n'est pas seulement un cauchemar, c'est bel et bien vrai, je ne marcherais plus. J'éclate et hurles alors de rage à m'en casser les cordes vocales. Une infirmière pénètre en courant dans la pièce, ce que je ne pourrais plus jamais faire. Elle ne comprend pas ce qui se passe mais, c'est le dernier de mes soucis. Que vais-je devenir? Je suis mort en même temps que mes rêves.

Après quelques temps passés cloués sur ce lit on commence la rééducation, c'est vrai je ne remarcherais plus. J'en viens à oublier ce qu'était ma vie avant, ce que je pouvais bien ressentir à l'idée de mon rêve se rapprochant jour après jour. J'en ai même oublier ce que représentais à mes yeux ce fameux rêve d'ailleurs. Il y a un appel pour moi, mon cousin, mon seul cousin, celui sans lequel je ne serais peut-être pas ici, pour la deuxième fois en si peu de temps ses paroles me sont des plus douloureuses. "Enzo... si je t'appelle c'est pour te dire qu... que... Tata... ta mère est morte d'un arrêt cardiaque... elle a été retrouvé à son appartem..." je laisse tomber le combiner sans même le laisser finir. Il est la seule famille que je connaisse qu'il me reste, autant dire que je suis désormais seul pour de bon.
Je suis présent à l'enterrement, tout le monde me paraît grand, énorme, je me sens si petit, si faible sur mon fauteuil.
Je ne sais plus en quoi croire, le seul souvenir qu'il me reste est à quel point les cappuccino de maman me faisait du bien quand je doutais. Je m'avance vers le distributeur automatique, j'insère la pièce, je regarde la machine me servir lentement cette boisson chaude. Je prends le verre et le porte à mes lèvres. Excepté le fait qu'il soit brûlant rien ne me vient, je ne ressens plus aucune émotion. Maman n'est plus là, ce n'est plus pareil, je suis seul.

Finalement, un soir la vérité m'est aussi claire que l'est le fait que marcher au bord de la mer m'est désormais impossible. Je vois la lune dehors, elle m'appel, à ses côtés se trouvent ma mère et ses cappuccino, ils m'y attendent. Ma place est là-bas, j'ai rempli mon rôle ici-bas. J'ouvre la fenêtre, l'air est frais, ça fait du bien, je me rends compte que les balades nocturnes sont parmi les choses que j'avais oublié. Je balance mon corps, ma tête ouvre la voie, le reste suit presque immédiatement. La chute est rapide, je n'ai pas le temps de réaliser que je tombe que mon corps est déjà entré en contact avec le sol.
En fin de compte elle avait raison, c'est bien la seule image que j'ai eu du Japon.


Écrit entre le 15/05/06 et le 17/05/06.

q: Et maintenant que vous avez lu, va falloir mettre un petit commentaire pour Steeve :p

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